Effacement électrique : moins consommer d’électricité… et être rémunéré pour cela ?

L’effacement électrique consiste à demander aux entreprises et particuliers de réduire temporairement ou de décaler leur consommation d’électricité quand le système électrique est saturé.  C’est une réponse à un défi propre à l’électricité : elle ne se stocke pas ou peu et doit être consommée dès qu’elle est produite. Ainsi, lors des périodes de forte demande, comme les vagues de froid en hiver, l’équilibre entre la production et la consommation devient un enjeu crucial.

Lorsque la demande d’électricité dépasse l’offre, deux solutions s’offrent au garant de cet équilibre, le gestionnaire de réseau RTE :

1. Activer des centrales électriques d’appoint, de charbon ou de gaz par exemple, souvent coûteuses et émettrices de CO₂ ;
2. Faire appel à la flexibilité des consommateurs pour réduire temporairement leur consommation et soulager le réseau.

C’est cette deuxième option que propose l’effacement électrique. Elle repose sur trois grands objectifs :

• Préserver le système électrique : en évitant des situations critiques pouvant mener à des coupures de courant généralisées, qu’on appelle les blackouts.
• Soutenir la transition énergétique : en limitant le recours à des moyens de production fossiles pour répondre aux pics de demande.
• Réduire les factures d’énergie : en incitant à mieux maîtriser et adapter sa consommation notamment en fonction des heures creuses.

En somme, l’effacement électrique est une solution gagnant-gagnant, à la fois pour le réseau et pour les acteurs qui y participent.

L’effacement ne consiste pas à réduire votre consommation annuelle globale : là on parlera plutôt d’économie d’énergie. Il s’agit de reporter certains usages énergivores sur des périodes où le réseau est moins sollicité, sans que ça ne compromette votre activité.

Prenons un exemple concret : lors d’un pic de consommation hivernal, votre entreprise peut temporairement :

• Arrêter une machine ou un équipement électrique et décaler son usage ;
• Utiliser une source d’énergie alternative (comme un groupe électrogène ou une batterie) pour soulager le réseau.

On l’a dit, s’effacer c’est participer à l’équilibre du réseau et à la transition énergétique : un engagement qui peut être valorisé dans votre stratégie RSE. En plus de l’aspect éthique et environnemental, l’effacement est également une source de revenus pour votre entreprise. Pour cela, vous pouvez faire appel à un opérateur d’effacement : c’est lui qui va valoriser vos effacements sur les marchés de l'électricité.

En outre, plusieurs mécanismes permettent de valoriser votre engagement, que ce soit par une vente directe sur les marchés ou par des appels d’offres spécifiques.

 L’industrie : une flexibilité accrue

Les procédés industriels électro-intensifs offrent un potentiel important pour l'effacement de consommation, déjà largement exploité en France. Voici comment ces effacements sont réalisés :

• Décaler sa production : reporter la production dans le temps ou sur d'autres sites.
• Exploiter l'inertie des processus industriels : les fours ou les cuves, par exemple, peuvent fonctionner temporairement sans électricité. Ce "temps de latence" permet de réduire la demande d’électricité sans perturber la production.
• Recourir à l'autoproduction : utiliser les propres moyens de production d'énergie de l'entreprise pour réduire sa dépendance au réseau électrique comme des installations photovoltaïques, des groupes électrogènes, ou des batteries de stockage.
• Renoncer à la production : dans certains cas, suspendre une partie de la production si la rémunération de l'effacement est plus avantageuse que de continuer à produire.

Selon l'ADEME, les secteurs de la métallurgie, de la mécanique, du papier et de la chimie représentent 75 % du potentiel d'effacement industriel en France. Parmi les usages d’électricité pouvant être réduits, 70 % concernent des processus thermiques (comme les fours et les cuissons) et des moteurs (broyage, laminage, air comprimé, etc.).

Le tertiaire : un fort potentiel

Le secteur tertiaire, bien que moins exploité, dispose d’un gisement de flexibilité intéressant. D’après l’ADEME, les principaux usages concernés sont :

• Chauffage et climatisation, représentant 40 % du potentiel identifié, notamment dans les bureaux mais aussi dans la grande distribution alimentaire.
• Éclairage commercial, un gisement important mais encore peu exploité en France. Dans les grandes surfaces et les bureaux, il représente 20 % du potentiel identifié.
• Traitement de l’eau, avec des équipements comme les pompes et les systèmes d’aération dans les stations de traitement. Ces installations sont souvent déjà optimisées, mais restent mobilisables dans certaines conditions.

Dans le secteur tertiaire, les coûts énergétiques constituent une part moindre des dépenses totales des entreprises. En conséquence, celles-ci sont généralement moins enclines à participer aux mécanismes d’effacement, à moins que la rémunération proposée ne soit suffisamment attractive. 

L’effacement diffus : une opportunité pour les PME

Avec des outils comme les boîtiers intelligents, les plus petites structures (PME et TPE) et particuliers peuvent aussi participer au mécanisme. Chauffage, éclairage ou petits équipements peuvent être pilotés automatiquement pour soulager le réseau en cas de besoin, c’est ce qu’on appelle l’effacement diffus.

Pour conclure, l’effacement électrique représente à la fois un levier stratégique pour réduire vos coûts énergétiques et une opportunité de participer à la transition énergétique. En choisissant de vous engager, vous participez activement à la préservation de notre système électrique tout en générant des revenus supplémentaires pour votre entreprise.