Augmentation du prix du gaz en 2024 : à quoi s’attendre ?

En 2024, votre facture de gaz naturel devrait baisser dans un premier temps. Après une diminution constatée en décembre 2023, la part variable hors taxe (liée au prix du kWh de gaz consommé) a diminué en février 2024 : la Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) avait annoncé une baisse de 11 €/MWh (mégawattheure) par rapport au mois de janvier³. Malgré ce signal encourageant, le prix repère du gaz naturel pourrait augmenter à partir du second semestre. Dès le 1er juillet 2024, une hausse de 5,5 % (chauffage) à 10,4 % (eau chaude sanitaire et cuisson) pourrait se ressentir sur la facture des consommateurs de gaz².

Qu’est-ce que le prix repère ?

Le prix repère du gaz naturel a été mis en place le 1er juillet 2023, après la suppression des tarifs réglementés de vente du gaz naturel. La CRE le publie chaque mois pour aider les consommateurs à comparer les offres proposées par les fournisseurs de gaz.

En 2024, la hausse du prix du gaz s’explique par l'augmentation du tarif des réseaux de distribution.

Une hausse du tarif des réseaux de distribution de gaz dès juillet 2024

Malgré une diminution de la part variable, le prix repère du gaz naturel pourrait à nouveau augmenter à partir du 1er juillet 2024. Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de Régulation de l’Énergie, a expliqué à France Info que "c'est essentiellement lié au fait que la consommation baisse"¹. La consommation moyenne de gaz diminue, mais l’utilisation du réseau de gaz nécessite toujours des frais et des investissements. Les consommateurs, moins nombreux, doivent donc supporter les coûts associés à la distribution du gaz.

Un nouveau tarif pour préparer les réseaux de distribution de gaz au développement du biométhane

Concrètement, c’est surtout la mise en place d’un nouveau tarif (ATRD7 - Accès des Tiers au Réseau de Distribution de gaz naturel) qui explique la hausse des prix prévue pour juillet 2024. En effet, la  Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) fixe des orientations permettant d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Elle prévoit une réduction progressive de la consommation de gaz d’origine fossile et le déploiement du gaz renouvelable, le biométhane. Ce nouveau tarif contribue ainsi à financer les investissements nécessaires au raccordement des installations de méthanisation, permettant de produire ce biogaz, jusqu’au réseau de gaz existant. Il s’appliquera à tous les consommateurs de gaz.

De manière générale, le prix du gaz naturel ne dépend pas uniquement de votre fournisseur d’énergie. Il est influencé par divers facteurs économiques, politiques et environnementaux, parmi lesquels :

• Les coûts d’approvisionnement ;
• Les frais de distribution, de transport et de stockage ;
• Les taxes liées au gaz naturel ;
• Le prix des quotas de CO₂.

Les coûts d’approvisionnement

Les coûts liés à l‘extraction et à l’approvisionnement du gaz naturel se répercutent directement sur son prix sur le marché de l’énergie. La France, qui importe 98 % de son gaz naturel, doit ainsi faire face à la volatilité des cours⁴. Le prix du gaz peut varier en fonction de l’offre et la demande, ainsi que du contexte géopolitique.

Les frais de distribution, de transport et de stockage

Pour arriver jusqu’à votre logement, le gaz naturel suit un réseau de transport et de distribution. Toutes les prestations du gestionnaire de réseau se répercutent ainsi sur votre facture de gaz : exploitation, entretien, développement et modernisation des réseaux... Comme on l’a vu avec le développement du biométhane, certains investissements nécessaires à la transition énergétique peuvent se répercuter sur ces coûts de distribution.

Les taxes liées au gaz naturel

Votre facture de gaz contient différentes taxes et contributions, dont les montants peuvent varier en fonction des périodes et des décisions gouvernementales :

• La contribution tarifaire d’acheminement (CTA) permet de financer l’assurance vieillesse des personnels relevant du régime des industries électriques et gazières.
• La taxe intérieure sur la consommation de gaz naturel (TICGN) est directement intégrée au budget de l’État.
• La taxe sur la valeur ajoutée (TVA) se répercute sur l’abonnement et la CTA à un taux de 5,5 %, mais aussi sur le prix du gaz naturel et la TICGN à un taux de 20 %.

Le prix des quotas de CO₂

Avec le Fit for 55, l’Union Européenne s’est fixé un objectif : réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Dans ce cadre, les états membres ont créé un marché des quotas de CO₂, qui concerne plus de 11 000 installations industrielles et producteurs d’électricité européen⁵. Ainsi, lorsque le gaz naturel est utilisé pour produire de l’électricité, le prix de sa tonne de CO₂ évolue, ce qui a un impact sur son prix.

Depuis quelques années, la France, ainsi que de nombreux autres pays, fait face à une crise énergétique. Plusieurs événements ont marqué l’évolution du prix du gaz depuis 2021.

• La fin de la crise sanitaire, liée au Covid 19, a entraîné une reprise économique importante. Résultat, la hausse de la demande énergétique a eu un impact sur le marché.
• Fin 2021, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire pour protéger les Français face à la hausse exceptionnelle du prix du gaz. Ce dispositif a permis de geler le prix du gaz pendant de nombreux mois.
• En parallèle, le conflit en Ukraine, débuté en février 2022, a suscité des craintes liées à l’approvisionnement en gaz naturel : la Russie a diminué ses exportations vers certains pays, dont la France, ce qui s’est ressenti sur le marché.
• L’année 2023 a été marquée par la fin du bouclier tarifaire et la suppression du tarif réglementé du gaz naturel. Après un hiver doux, marqué par les politiques en faveur de la sobriété énergétique, l'évolution du prix du gaz avait plutôt tendance à diminuer pour les particuliers, depuis l’été 2023.

Pour vous prémunir de la hausse du prix du gaz, voici quelques recommandations :

• Améliorer l’isolation de votre logement : les travaux d’isolation (toiture, combles, murs...) permettent de limiter les déperditions thermiques.
• Opter pour une chaudière à haute efficacité énergétique : si votre chaudière est très ancienne, la remplacer par un modèle performant et plus récent peut être une option à envisager.
• Installer un système de régulation et de programmation : un thermostat peut vous aider à mieux maîtriser votre consommation de chauffage et vous assure jusqu’à 15 % d’économies⁶.
• Entretenir votre chaudière régulièrement : l’entretien de votre chaudière doit être réalisé chaque année, par un professionnel.
• Appliquer les écogestes : certaines bonnes habitudes peuvent vous aider à économiser l’énergie (baisse la température de 1°C, fermer les volets la nuit...).
• Changer de fournisseur de gaz : certains fournisseurs peuvent vous proposer des offres de gaz à un tarif fixe, inférieur à celui du prix repère.